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que ce ciel par Catrine Godin

​

nous ne sommes
tous
que ce ciel
et ce quotidien
qui peut croire encore
et s’obstiner
vole dans la poche de l’autre
le reflet d’une illusion
avoir avoir avoir
l’avide des yeux
mange
et suce
la moelle
de ses hypothèses
pouponnière de non-substance — ce règne

détruit le monde
qui se voulait Monde

           *

                       tu déambules en enfonçant des trésors au fond de tes poings
                      — tu les gardes serrés pour être certain que rien ne s’échappe

                                                        — la colère est une arme à double tranchant
 

                apparition métallique entre tes dents

 

                             t’en veux et tu t’en veux sans t’en faire l’aveu mais tu craches
                               et chaque fois que tu craches tu t’avoues : je me crache sur le

   monde qui m’a crashé sur ce monde immonde

​

 

tu dis et acceptes — tu te soumets
tu fais le jeu mediocre des mediocres
tu fais la roue dans la roue du monde
tu souilles ce qui est souillé et tu te confonds
tu penses que c’est perdu d’avance
tu le cries — fort — par les épaules

dos au jour

*

tempête noire

 

rien — rien ne se dépose jamais rien ne se dépose jamais —

rien

cendres — envolement projeté de stries
carboniques — cendres

convocation — imprécation de la mort sur la mort —

convocation

haine — berceaux pourris de bras pourris au coeur pourri

— haine

flot — marée d’avalement jusqu’à en mourir de croire — flot

 

tempête noire
 

que rien n’échoue ni ne calme

 

*

je marche dans ton sillage tes nuées mentales tes auras
d’effusions chtoniennes tourmente tourmentée sans cesse
comme une ébullition maintenue sadique volontaire comme
on est volontaire à ce faire du mal au nom des autres ces
autres que tu insultes tout haut en marchant comme tu
t’insultes par leurs bouches foisons de mots laids crus durs
comme fer à jamais fantômes et chimères évanouis que tu
propulses dans l’air sale déjà sale qui me passe dessus au
travers qui m’entre dedans tandis que tu marches hurles

exultes dans tes frayeurs et que je marche derrière toi
inconnu dans l’inconnu où tu te penses et crois inconnu mais
inconnu de toi que tu penses connaître sans jamais te
reconnaître et tu ne sais pas mais tu t’arrêtes et je fais deux
pas de côté je passe calmement je te regarde je te regarde
dans les yeux je te reconnais toi je te vois entier de détresses
tissées serrées je te vois de mes yeux vivants et d’eux tu te
vois soudain et surpris tes yeux se voilent fuient s’enfuient et
reviennent et me voient

 

je dis :
 

nous ne sommes
tous
que ce ciel

*

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Catrine Godin, originaire de Québec, est poète et artiste multidisciplinaire. Elle est l’autrice de trois recueils publiés, "les ailes close" (2006) et "les chairs étranges" (suivi de) "Bleu Soudain" (2012), aux éditions du Noroît, et "Les oracles" (2016), publié chez Rhizome, livre co-écrit et provenant du spectacle Les oracles qu’elle a présenté sur scène à Québec en 2014 lors du Festival Québec en Toute Lettre, puis à Bruxelles et Montréal en 2017 ; en 2021 et 2022 elle fait partie du comité de rédaction de la revue internationale femmes de paroles, où ses poèmes paraissent dans les premiers numéros. Elle a participé, en tant que voix enregistrée puis vivante, au Chœur du spectacle Plus haut que les flammes, de Louise Dupré, produit par Rhizome et présenté en tournée en 2013, puis avec orchestre à Québec en 2022. Elle est également publiée dans la revue québécoise Possibles de l’Université de Montréal.  Facebook  Site web 

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