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La baie, quai 7 par Diane G. Degry

Alors qu’une brise affectueuse et délicate traverse mon être,
Des navires traversant de grandes eaux s’annoncent par de fortes sonorités.
Ce sont tous les membres qui en tremblent, l’ouïe qui s’éveille et scintillent.
Là-bas, le chant saccadé des otaries ravit l’esprit des passants débonnaires.
Moi, je préfère m’asseoir là où la vue demeure bleue, d’or et imperturbable.
Oakland de l’autre côté de la baie flamboyante charme l’horizon,
Et la baie me berce.
Je marque un temps d’arrêt, mes paupières aussitôt s’assoupissent.
Il n’y a plus aucuns désirs, c’est l’accalmie qui s’étreint de mon âme.
Plus de convoitises, mes volontés et représentations qui s’endorment.
Plus aucuns questionnements, l’ataraxie vient murmurer à mon esprit.
Tout est plat, clair, plus d'espoirs, plus de croyances, plus d'illusions.
Le calme olympien l'emporte enfin sur l
es abysses de la mélancolie,
Et la baie me berce.
Au diable les douleurs vives d’un passé manqué et des réalités perdues,
Des échos illusoires d'un futur, afin de ne laisser que luire le présent ici.
Et maintenant, la baie accélère, mon être, lui, entier, dans ce mouvement,
A contempler l’existence même dans ce très réel espace et temps.
Nos esprits impétueux et nos corps sauvages en vie dans le monde extérieur.
Me suivras-tu ? Toi et moi ? être et essence ? phénomènes et réel sens ?
Mais pour l'instant, rien ne presse, la baie par sa douce réalité me berce.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fléau d’Ignorance et d’Égarement

 

Au vaillant égaré combattant en vain son ignorance :
Laissez-le combattre les forteresses de l’ignorance,
Accordez-lui de résister aux chimères de l’illusion en silence.
Tant de chagrins reposent sur les brides effroyables de sa conscience,
Qu’il réalise sans fin n’être point à la hauteur de vos excellences.
Cet esprit vif et singulier se livre hideusement et sans attendre
Aux rythmes endiablés de la pensée faussement opulente.
Malheur à l’impétuosité ! Croire sans savoirs n’est que vanité !
*
Des connaissances vives et plurielles condamnent à tort son esprit,
Faisant l’hippocampe s’écœurer d’autant d’agitation et d’inconstance
Que ses croyances de savoirs s’évaporent au champ de l’ignorance.
Triste fléau, lui qui croyait savoir, lui qui savait odieusement croire
Se voit obstacle après obstacle, dénudé de toute sagesse.
Inique impavidité. Perte de vitalité et d’allégresse.
Virtuosité manquée. Savoirs biaisés et illusoires.
*
Ses illusions fleurissent au gré des vents
Venant du nord, du sud, frappant de l’est et de l’ouest,
Que ses gestes finissent dénuées de sens tel un mécréant,
L’enchaînant à perte aux valses opportunistes du grotesque.
À ceux qui délaissent le sens pour ne jamais rien comprendre,
Maniant le double tranchant vers maintes directions irraisonnées.
Malheur à l’esprit d’égarement ! Loin de Sophia n’est qu’irrationalité !

*
Accordez-lui le luxe de vouloir la côtoyer, elle, si convoitée,
De croire que son ignorance puisse irrémédiablement être rachetée.
Et de dépasser enfin les barrières funestes des croyances non justifiées.
Que diable ne puisse l’arrêter d’atteindre sagesse et vérité,
Non celle d’une révélation ou d’un savoir mystique et sacré,
Mais celle de ne point demeurer aveuglement charmé
Par les courbes de l’ignorance, catin sans esprit et sens inné.
*
L’affront l’appelle mais sans sagesse, il ne sait point s’y prendre.
Sans esprit et sans raison, il ne veut délibérément pas s’y vendre.
Que l’épée luisante brandie en son être, lui fasse à l’aurore grâce
Et puisse enfin luire de mille vertus, magnifiant en symbiose
Esprit et maitrise de soi, chef d’orchestre pour l’intérieur.
Libération et amour, symphonie pour l’extérieur.
Malheur à la résistance ! La désunion n’est qu’absurdité !
*
Et peut-être que là enfin, le fléau d’ignorance battra en retraite.
Lorsque soudain un angle restreint de ses savoirs tant éprouvés,
Offriront abréaction aux humanités : joies du sens et de l’utilité.
Mais d’ici là, l’affront des lieux communs l’appelle et il se traîne.
Et chaque matin, c’est bien la lumière du soleil qui l’éclaire,
Le contraignant à l’exercice du corps et guère d’esprit
Lorsque son espoir de sagesse, lui, peu à peu se dessaisit.

 

Née en 1989, Diane Degry est une auteure française qui vit à New York. Au cours d'une expatriation de plusieurs années outre-Rhin, elle développe un fort attrait pour la littérature philosophique et psychanalytique. Aujourd'hui, elle s'exprime à travers l'écriture de romans, de nouvelles et de scénarios, mêlant fiction et dilemmes personnels ou sociétaux. Elle est l'auteure d'un premier roman, Voyage au Coeur d'Ellie Bright, une fiction contemporaine qui suit le parcours d'une jeune femme atypique à la recherche d'un sens à son existence et à sa vie professionnelle. 

 

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